🎯 Achetez maintenant, payez plus tard ? Vraiment ? Le paiement fractionné — ou Buy Now Pay Later (BNPL) — séduit de plus en plus de jeunes consommateurs avec ses promesses de simplicité et de zéro frais. Klarna, Alma, Scalapay, Oney, PayPal… Ces services explosent. Mais derrière la facilité se cache un crédit à la consommation déguisé, sans régulation stricte.
Le crédit à la consommation connaît un regain d’intérêt en France, particulièrement chez les jeunes générations. Mais ce retour en force prend aujourd’hui une forme nouvelle : le paiement fractionné, souvent présenté comme inoffensif, voire comme un service pratique. Pourtant, derrière le slogan marketing rassurant – « Achetez maintenant, payez plus tard » – se cache un mécanisme de crédit qui n’en dit pas le nom. Et ses effets sur les finances personnelles des jeunes peuvent s’avérer préoccupants.
Une montée en puissance discrète mais massive
Le Buy Now Pay Later (BNPL), ou « Achetez maintenant, payez plus tard », est un mode de paiement de plus en plus présent dans le commerce en ligne. Il est proposé par des acteurs comme Klarna, Alma, Oney, Scalapay ou encore PayPal. En apparence, il permet à un consommateur d’acheter un bien et de régler la somme en deux, trois ou quatre fois. Le tout sans frais affichés, sans taux d’intérêt explicite, et sans lourdeur administrative.
C’est justement cette facilité qui séduit, notamment les jeunes adultes (18–30 ans), peu familiers avec les crédits classiques ou les cartes de crédit. En France, plus d’un jeune sur deux dit avoir déjà utilisé un paiement fractionné. Et pour certains commerçants, cette solution représente déjà 20 à 30 % des transactions en ligne.
Derrière la simplicité, un crédit déguisé
Mais ce qui ressemble à un paiement simplifié est, dans les faits, un crédit à la consommation – souvent non reconnu comme tel. Il ne passe pas toujours par un accord formel, il est rarement soumis à un contrôle de solvabilité rigoureux, et il échappe parfois au cadre juridique du crédit classique. Résultat : les utilisateurs ont tendance à sous-estimer leur niveau d’endettement, à multiplier les achats en BNPL, et à perdre le fil de leur budget.
Un effet boule de neige s’installe. Ce mois-ci, trois paiements en attente. Le mois prochain, quatre autres s’ajoutent. Au fil du temps, cela crée une pression financière diffuse, qui devient perceptible trop tard : lorsque les prélèvements s’accumulent et que les premiers incidents de paiement apparaissent.
Des conséquences concrètes sur les finances
Les défauts de paiement dans le cadre du BNPL peuvent entraîner des pénalités financières, voire un fichage à la Banque de France en cas de contentieux. Certains utilisateurs basculent alors dans des formes de crédit revolving ou contractent des prêts pour rembourser les précédents. La spirale de la dette, bien connue dans les années 2000, semble aujourd’hui renaître, mais sous une forme plus douce, plus moderne, plus digitale.
Derrière cette évolution, une réalité préoccupante : le taux d’endettement des jeunes adultes augmente. Selon la Banque de France, le recours au crédit conso a progressé de plus de 7 % en 2023, et les jeunes de moins de 30 ans représentent désormais une part croissante des dossiers de surendettement. Cette dynamique est souvent invisible, car le BNPL est mal identifié statistiquement, en raison de son statut juridique flou.
Une régulation en retard
Le vide juridique autour du BNPL pose question. Ce système de paiement échappe partiellement au Code de la consommation. Il ne fait pas toujours l’objet d’un contrat de crédit formel, ni d’une information claire sur les risques encourus. Pourtant, le gouvernement français comme la Commission européenne commencent à s’y intéresser. Un encadrement plus strict est en discussion, afin d’éviter une nouvelle crise du crédit privé, comme celle qui avait suivi l’explosion des prêts revolving.
Des pistes sont évoquées : rendre obligatoire un contrôle de solvabilité, plafonner le nombre de paiements fractionnés simultanés, exiger une information claire sur les frais en cas de retard, ou encore soumettre les acteurs du BNPL à la régulation des établissements de crédit.
Un enjeu de culture financière
Mais la solution passe aussi par l’éducation budgétaire. Car derrière le succès du BNPL se cache souvent une mauvaise compréhension des mécanismes financiers. Le jeune consommateur voit un achat « sans effort », alors qu’il s’agit d’un engagement. Il croit « payer plus tard », mais il paie souvent plus cher – en argent, en stress ou en liberté financière.
Dans un contexte économique marqué par l’inflation, la stagnation des salaires et la précarité, le crédit à la consommation peut sembler un recours attractif. Mais sans vigilance ni encadrement, il devient un facteur d’appauvrissement.
En conclusion
Acheter sans payer n’existe pas. Le paiement différé est un crédit, et tout crédit implique une responsabilité. Si le BNPL peut être utile ponctuellement, il doit être utilisé avec précaution. Car ce que l’on gagne en immédiateté, on peut le perdre en sérénité financière. Et ce sont les plus jeunes, les plus vulnérables, qui en paient le prix fort.
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