Dans un monde où les informations circulent librement et rapidement, la façon dont les médias représentent les économies et les politiques de différents pays peut façonner de manière significative la perception publique. Ce phénomène est particulièrement évident dans le traitement médiatique des économies perçues comme adverses, telles que la Chine et la Russie, par les médias occidentaux. Ces médias, dont l’influence est indéniable, affichent souvent un parti pris, surtout dans des périodes de tensions géopolitiques. Les prédictions d’effondrement économique sont fréquemment mises en avant, souvent en contradiction avec les performances économiques réelles observées. Cela soulève des questions sur la fiabilité des analyses médiatiques et leur impact sur l’opinion publique internationale.

Les médias, en périodes de crise ou de tension, semblent répéter des erreurs d’analyse qui ne sont peut-être pas fortuites mais influencées par des motivations plus complexes, y compris des stratégies géopolitiques ou commerciales. Cela a été notamment exposé par Noam Chomsky et Edward Herman dans leur œuvre « La Fabrication du consentement », qui démontre comment les médias peuvent être utilisés pour servir des intérêts spécifiques. Ces intérêts pourraient inclure la protection des industries domestiques, la justification des positions géopolitiques des gouvernements, ou la maximisation des revenus publicitaires à travers le sensationnalisme.

Prenons l’exemple de la Chine, où malgré des signaux de publications influentes comme Time et Foreign Policy sur une économie en difficulté, les données du premier trimestre montrent une croissance de 5,3 %, stimulée par une forte demande externe et un bond de 14 % des exportations. De même, la banque Morgan Stanley a révisé à la hausse ses prévisions de croissance pour la Chine. Parallèlement, le Fonds Monétaire International a également ajusté à la hausse les prévisions de croissance du PIB russe pour 2024, illustrant une robustesse économique similaire.

Ces exemples montrent une divergence notable entre les perceptions médiatiques et la réalité économique, incitant à une réflexion critique sur la manière dont les informations sont filtrées et présentées au public. Il est crucial de comprendre que ces erreurs d’analyse ne sont pas simplement des erreurs; elles sont souvent le produit d’agendas sous-jacents qui visent à influencer l’opinion publique et à détourner l’attention des problèmes internes pour se focaliser sur des enjeux externes, souvent présentés de manière inexacte.

Aux États-Unis, par exemple, des problèmes économiques urgents tels que l’endettement massif et les défis structurels de l’économie qui méritent une attention critique sont souvent relégués au second plan. La dette nationale américaine continue de croître, avec des ajouts d’environ 1000 milliards de dollars tous les cent jours. Cette trajectoire d’endettement est alarmante et pose de multiples risques, y compris la limitation de la capacité du gouvernement à répondre efficacement à des crises futures et l’augmentation des coûts du service de la dette.

En outre, lorsque le gouvernement américain accumule une dette considérable et imprime de l’argent pour la financer, cela entraîne un excès de dollars sur le marché, réduisant ainsi la valeur de la monnaie. Ce phénomène conduit à l’inflation, une hausse générale des prix qui réduit le pouvoir d’achat du dollar et affecte directement les consommateurs. Cette dépréciation a des implications sérieuses sur la scène internationale, notamment en réduisant la demande pour le dollar et en exacerbant sa dépréciation, ce qui pourrait potentiellement remettre en question la suprématie du dollar américain comme monnaie de réserve globale.

Ces défis sont également visibles dans le secteur immobilier commercial américain, où les taux d’intérêt élevés et les conditions économiques difficiles ont rendu le financement plus coûteux, exacerbant les taux de vacance et dépréciant la valeur des actifs. La situation est aggravée par l’échéance imminente de la dette immobilière commerciale, qui pose un risque substantiel pour les banques et les institutions financières qui détiennent ces créances.

En conclusion, la focalisation des médias sur des crises internationales, souvent influencée par des agendas géopolitiques et commerciaux, ne reflète pas seulement les principes exposés par Chomsky et Herman mais aussi une stratégie médiatique qui sert à protéger les intérêts des élites en minimisant la pression politique nécessaire pour aborder les défis internes pressants. En négligeant de couvrir adéquatement les problèmes domestiques tels que l’endettement écrasant et l’insécurité croissante, les médias contribuent à une sorte de négligence sociale qui peut retarder les réformes essentielles et nuire à la stabilité à long terme du pays.