Guerre maritime : pourquoi tout devient plus cher ?

5,Juin,2025 | Macroéconomie | 0 commentaires

⚓️ La guerre en mer Rouge, que beaucoup considèrent comme un conflit régional, bouleverse aujourd’hui l’économie mondiale. Cargos détournés, routes maritimes bloquées, prix en hausse : que se passe-t-il réellement ? Et pourquoi cela impacte-t-il directement votre quotidien, ici en Europe ?

Une route maritime stratégique paralysée

Depuis la fin de l’année 2023, la mer Rouge est le théâtre d’un conflit qui perturbe profondément le commerce mondial. Les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, y multiplient les attaques contre des navires marchands. Leur objectif : protester contre le soutien occidental à Israël dans le conflit avec Gaza. Missiles, drones, cargos incendiés… Les incidents se multiplient, forçant certaines compagnies à évacuer leurs équipages en pleine mer.

Un contournement aux lourdes conséquences

Face à ce climat d’insécurité, les grandes compagnies maritimes comme Maersk, MSC ou CMA CGM évitent désormais cette zone. Elles optent pour un itinéraire bien plus long : contourner l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance. Ce détour rallonge le trajet de 10 à 15 jours, soit près de 7 000 kilomètres supplémentaires. Il entraîne des coûts accrus en carburant, en personnel et en logistique, qui finissent inévitablement par peser sur les prix des produits transportés.

Une route clé pour le commerce mondial

La mer est le vecteur de 90 % du commerce mondial, et près de 12 % de ce commerce transite par le canal de Suez, situé dans la zone concernée. Lorsque cette route est bloquée ou jugée trop risquée, c’est toute la chaîne logistique mondiale qui ralentit : les marchandises arrivent en retard, les stocks s’épuisent, les chaînes de production se désorganisent.

Des impacts concrets pour les entreprises

Prenons un exemple concret : un fabricant européen d’électroménager dépendant de composants asiatiques peut être contraint de ralentir ou d’interrompre sa production si les pièces mettent trois semaines de plus à arriver. Cela génère des retards de livraison et pousse à une hausse des prix. Dans le textile, où de nombreuses marques françaises produisent en Asie, les délais et les frais logistiques alourdis finissent, là aussi, par être répercutés sur le client.

Une flambée des coûts logistiques

Au-delà des délais, ce sont les coûts qui explosent. Le détour implique davantage de carburant, plus de jours en mer et des frais portuaires supplémentaires. À cela s’ajoute une envolée des primes d’assurance : certaines compagnies évoquent une hausse de 300 à 500 % pour couvrir les trajets à travers la mer Rouge. De plus, comme les pétroliers sont également visés, cela exerce une pression haussière sur le prix du pétrole, impactant l’ensemble des coûts de transport.

Une inflation importée en Europe

L’Europe est particulièrement vulnérable, car elle dépend massivement des importations venues d’Asie : vêtements, jouets, électronique, pièces détachées, etc. Ikea a annoncé des retards sur plusieurs produits, Decathlon a dû revoir temporairement ses prix, et certains constructeurs automobiles ont ajusté leur production. Même des TPE et PME françaises sont touchées, notamment celles qui importent des matières premières ou des composants spécifiques. Ce phénomène alimente une inflation importée, perceptible dans les prix à la consommation.

Un bouleversement durable ?

Peut-on espérer un retour rapide à la normale ? Rien n’est moins sûr. Même si les tensions militaires s’apaisent, le rétablissement de la confiance prendra du temps. De nombreuses entreprises envisagent désormais de diversifier leurs routes ou leurs fournisseurs. Mais relocaliser ou redéfinir les chaînes d’approvisionnement est coûteux, ce qui pourrait à nouveau faire grimper les prix pour le consommateur.

Une leçon sur la fragilité de la mondialisation

Cette crise rappelle une vérité fondamentale : notre économie mondialisée repose sur des routes maritimes vulnérables. Un conflit localisé peut engendrer des effets globaux. Ce qui se passe à des milliers de kilomètres de la France peut, en quelques semaines, affecter les prix dans nos supermarchés, nos magasins d’électronique ou nos enseignes de vêtements. La mondialisation a ses avantages, mais aussi ses failles — et elles se paient, parfois, comptant.

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