Causes de l’inflation et théorie quantitative de la monnaie! Mathieu de la chaine Libre et riche (Libre&Riche) et François Xavier de la chaine Draw my economy ont eu récemment un débat sur les vraies causes de l’inflation actuelle. Ce qui est intéressant dans ce débat, c’est qu’il met en lumière une opposition séculaire toujours vivace entre plusieurs courants de pensée de l’économie, que l’on peut regrouper schématiquement en deux blocs : d’un côté, ceux qui pensent que l’inflation prend sa source dans l’économie réelle et, de l’autre, ceux qui considèrent que celle-ci s’explique par un excès d’offre de monnaie. Ces derniers s’appuient sur ce qu’on appelle la théorie quantitative de la monnaie. C’est pour moi l’occasion de faire un point sur l’état de la pensée économique concernant les causes présumées de l’inflation et de discuter en particulier de la validité de la théorie quantitative de la monnaie.
Extraits :
La perte de pouvoir d’achat de la monnaie provient donc d’une hausse des prix. Cette hausse des prix peut avoir pour origine des causes non monétaires, c’est-à dire des causes réelles…
…Il faut que la hausse des prix soit générale. Si le prix d’un seul bien augmente et que cette augmentation est compensée par la baisse d’un autre bien ou service, alors il n’y a pas d’inflation.
…il faut que l’inflation soit durable et auto-entretenue.
…si chaque hausse de prix fait suite à une hausse des salaires qui entraîne à son tour une nouvelle hausse des prix. On parle alors de boucle prix-salaires.
…Enfin, il faut aussi souligner que la mesure de l’inflation porte sur le prix des biens et services pas sur celui des actifs réels et financiers. Ceci a son importance car l’augmentation de la masse monétaire peut se répercuter sur le prix des actifs allant jusqu’à constituer des bulles dans les cas extrêmes.
…C’est ce que dit exactement la théorie quantitative de la monnaie, quelle que soit sa version. On trouve des traces de cette théorie chez Jean Bodin au 16ème siècle. David Ricardo s’est appuyé sur elle dans sa controverse sur les origines de l’inflation en Angleterre au début du 19ème siècle. Irving Fisher l’a formalisé mathématiquement au début du 20ème et Milton Friedman l’a remise au goût du jour si l’on peut dire à la suite de la révolution keynésienne.
…Au début du 19ème siècle, en Angleterre, les bullionistes dont le représentant le plus éminent était David Ricardo, et les anti-bullionistes se sont affrontés sur la question.
…Pour bien comprendre de quoi il retourne, posons l’équation qui relie les transactions effectuées entre agents économiques et la masse monétaire : M x V = P x T
…V est la vitesse de circulation de cette monnaie. C’est le nombre de fois qu’une unité de monnaie est utilisée dans une transaction sur la période considérée.
…Comme il n’est pas facile de calculer le nombre de transactions, on remplace cette variable par la production totale de l’économie Y. T et Y ne sont pas rigoureusement identiques.
…Friedman et Schwartz dans leurs traités sur l’histoire monétaire des Etats-Unis ont mis en relation le taux moyen de croissance de l’offre de monnaie avec le taux d’inflation de décennie en décennie de 1870 à 1970.
…C’est ce type d’arguments qu’a utilisé Ben Bernanke, ancien gouverneur de la FED et prix Nobel d’économie 2022, dans un article de 2009, pour suggérer que le Japon doit imprimer autant de monnaie que nécessaire pour sortir le pays de la déflation.
…Cette politique de l’helicopter money, comme la nommé Milton Friedman pour la 1ère fois en 1969, n’a pas encore été employée au pays du soleil levant.
…Enfin la question se pose également de savoir si les autorités monétaires ont toujours le pouvoir d’accroître la masse monétaire ou si, comme le pensent les posts-keynésiens, l’offre de monnaie dépend exclusivement ou très largement de la demande des agents économiques.
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