USA vs Chine : jusqu’où les sanctions?

27,Mai,2024 | Finance, Macroéconomie | 0 commentaires

Entre la Chine et les États-Unis, rien ne va plus. La confrontation économique entre ces deux superpuissances a pris récemment une nouvelle dimension. De nouvelles sanctions ont été prises par l’administration Biden contre l’empire du milieu : augmentation drastique des tarifs douaniers sur les véhicules électriques, l’acier, l’aluminium, les semi-conducteurs et les panneaux solaires. La riposte de la Chine : vente massive de bons du Trésor américain et sanctions contre des entreprises américaines. Ce bras de fer commercial soulève des questions cruciales sur l’avenir des relations économiques mondiales, les impacts sur les consommateurs et les entreprises, et les enjeux géopolitiques sous-jacents.

Les Nouvelles Sanctions Américaines Contre la Chine

L’administration Biden a pris des mesures drastiques pour contrer la domination industrielle de la Chine. Les tarifs douaniers sur les véhicules électriques chinois ont été augmentés de 25 % à 100 %. En plus de cela, des tarifs de 25 % ont été imposés sur l’acier et l’aluminium, de 50 % sur les semi-conducteurs et les panneaux solaires. Le secrétaire américain au trésor, Janet Yellen, a exhorté l’Union Européenne à se joindre aux États-Unis dans cette répression des exportations chinoises, rejetant les allégations européennes de protectionnisme américain.

Ces sanctions visent à freiner l’essor industriel de la Chine, mais l’impact réel sur l’économie américaine et mondiale reste à voir. En 2022, la Chine a produit plus de 1 milliard de tonnes d’acier, soit 54 % de la production mondiale, alors que les États-Unis n’en ont produit que 80 millions de tonnes. L’industrie sidérurgique américaine a diminué de 40 % depuis son apogée en 1973. Concernant l’aluminium, les États-Unis sont le neuvième producteur mondial, loin derrière la Chine.

Domination Chinoise dans les Secteurs Clés

La Chine domine également le marché des véhicules électriques, représentant 60 % des ventes mondiales et contrôlant 80 % de la chaîne d’approvisionnement des batteries pour ces véhicules. En ce qui concerne les panneaux solaires, la Chine produit 78 % des modules mondiaux, tandis que les États-Unis n’en produisent que 1,9 %. Malgré des sanctions américaines sur les panneaux solaires chinois depuis 2012, l’industrie solaire américaine n’a pas été revitalisée. Les importations américaines de panneaux solaires chinois ont chuté de 2,8 milliards de dollars en 2011 à moins de 400 millions de dollars en 2020, une diminution de 86 %.

Pour soutenir l’industrie des semi-conducteurs, Biden a fait passer le CHIPS Act, un plan de subvention de 50 milliards de dollars. Cette approche contraste avec les critiques américaines envers les subventions industrielles chinoises, soulignant une incohérence dans la politique américaine. Les États-Unis ont longtemps été les défenseurs du mondialisme et du libre-échange, mais maintenant qu’ils ne bénéficient plus autant de ces principes, ils adoptent des mesures protectionnistes, révélant un double standard qui affaiblit leur position morale sur la scène internationale.

Impact sur les Consommateurs et les Entreprises Américaines

Les mesures protectionnistes de l’administration Biden soulèvent des questions sur leur efficacité réelle et leur impact sur le consommateur américain moyen. Les tarifs douaniers imposés par l’administration Biden risquent d’augmenter les coûts pour les consommateurs américains en rendant les produits importés plus chers, ce qui peut provoquer une inflation et affecter le pouvoir d’achat des ménages. De plus, les entreprises américaines, dépendantes des matières premières et des composants importés, verront leurs coûts de production augmenter, ce qui les rendra moins compétitives. Les tarifs pourraient également provoquer des mesures de rétorsion de la part des pays visés, réduisant ainsi les exportations américaines. Enfin, sans investissements significatifs dans les infrastructures et la formation de la main-d’œuvre, les tarifs ne suffiront pas à stimuler la production nationale de manière durable.

La Riposte Chinoise : Vente Massive de Bons du Trésor Américain

En réaction aux mesures protectionnistes de l’administration Biden, la Chine a vendu pour 53,3 milliards de dollars de bons du Trésor américain, indiquant leur volonté de s’éloigner de la dépendance financière aux pays occidentaux. Cette décision, prise en pleine guerre commerciale avec les États-Unis, est cruciale et ne doit pas être ignorée. La Belgique, proche alliée des États-Unis, a également vendu pour 22 milliards de dollars de bons du Trésor américain durant cette période, indiquant une tendance générale de diversification des réserves et de réduction de la dépendance au dollar.

Depuis 2018, la Chine a réduit ses avoirs en bons du Trésor américains, cédant la place au Japon en 2019 comme plus grand détenteur de cette dette. Cette réduction est motivée par une prise de conscience des risques économiques accrus aux États-Unis, comme la dette nationale croissante, les déficits budgétaires récurrents et la possibilité d’une hausse des taux d’intérêt. De plus, les incertitudes politiques et les tensions commerciales ont renforcé les inquiétudes concernant la stabilité économique à long terme des États-Unis.

Conséquences à Long Terme

La vente massive de bons du Trésor américain par la Chine augmente l’offre de ces titres sur le marché, entraînant une baisse de leur prix et une augmentation des rendements. En conséquence, le gouvernement américain devra payer des taux d’intérêt plus élevés sur les nouveaux bons qu’il émet, augmentant le coût total des intérêts sur la dette publique. Cela pourrait aggraver les déficits budgétaires et réduire la capacité du gouvernement à financer d’autres dépenses, augmentant ainsi le risque de défaillance et de dévaluation du dollar.

La Chine a également annoncé des mesures contre 12 entreprises impliquées dans le complexe militaro-industriel américain et leurs cadres supérieurs, en réponse à l’armement de Taïwan par les États-Unis et aux sanctions contre les entreprises chinoises.

Conclusion

La confrontation économique entre les États-Unis et la Chine peut être interprétée à travers le prisme du piège de Thucydide, où une puissance montante défie l’hégémonie d’une puissance établie, entraînant souvent des tensions croissantes et des conflits potentiels. Les États-Unis, déterminés à préserver leur leadership mondial, semblent prêts à transgresser leurs propres principes de libre-échange et de mondialisme, adoptant des mesures protectionnistes pour contrer la montée en puissance de la Chine. Cette dynamique n’est peut-être que le début d’une lutte plus vaste et plus intense. À mesure que la Chine continue de renforcer ses capacités industrielles et économiques, cet affrontement pourrait s’étendre à d’autres domaines et s’aggraver si les États-Unis s’entêtent à maintenir leur suprématie par tous les moyens.

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