Taxe Pigou ou droits à polluer? Quelle est la meilleure solution? Pour régler le problème des émissions, les Etats ont recours à trois types de mesure : la norme (simple quota), la fiscalité (taxe pigou) et le marché (droits à polluer). Dans cette vidéo, j’expose les avantages et inconvénients théoriques de ces trois instruments de lutte contre la pollution.
Extraits :
En 1938, dans son ouvrage l’économie du bien-être, l’économiste Arthur Cecil Pigou développe le concept d’externalités entrevues avec son mentor Alfred Marshall. Une externalité est l’action ou l’activité d’un agent économique qui affecte le bien être d’un autre agent. Il y a des externalités positives, celles qui améliorent le bien-être collectif, et des externalités négatives, qui le détériorent. Le marché ne prend pas en compte ces externalités si bien que bien être privé et bien être collectif divergent.
…En situation de concurrence pure et parfaite, toutefois, on sait que le revenu marginal d’une entreprise quelconque du marché considéré est égal au prix de marché et que ce prix est une constante pour elle (équation dRT/dQ = P). Si bien que son niveau de production optimal se situe là où son coût marginal est égal au prix de marché.
…Si l’on additionne le coût marginal de l’entreprise industrielle et le coût marginal externe, on obtient le coût marginal social. On voit alors que, dans son ensemble, la situation n’est pas optimale puisque le coût marginal social est supérieur au coût marginal privé. Il faut que la production de l’entreprise industrielle diminue jusqu’à ce que le prix soit égal au coût marginal social pour que l’optimum soit atteint.
…Pour atteindre l’optimum social, en présence d’externalités négatives, il faut donc diminuer le niveau de production jusque Q* dans notre exemple. Comme nous l’avons dit précédemment, cela peut se faire de 3 manières différentes : par l’établissement de normes, une interdiction pure et simple de dépasser un certain quota d’émission, par la taxation des émissions, solution imaginée par Pigou, ou encore par la mise en place d’un marché de droits d’émissions ou droits à polluer, solution imaginée par Ronald Coase.
…On peut se poser la question de savoir quelle est la meilleure solution entre un quota à 400 tonnes ou une taxe à 27€ la tonne. Dans les deux cas, le niveau de pollution souhaité est bien atteint. Mais la solution du quota d’émissions entraîne un surcoût.
…Le choix entre la norme et la taxe n’est pas toujours évident. Il va dépendre notamment du niveau de connaissance du régulateur quant aux coûts des externalités et aux coûts que les entreprises doivent supporter pour les réduire. Plutôt que d’imposer une norme ou d’appliquer une taxe, l’Etat peut aussi choisir de fixer la quantité de pollution maximale et de laisser le marché déterminer lui-même le prix d’équilibre. Cette solution s’inspire des travaux de Ronald Coase.
…L’intérêt de l’échange disparait quand les coûts marginaux de réduction des deux entreprises s’égalisent ce qui intervient quand l’entreprise 1 dispose de 550 droits et l’entreprise 2 de 250 droits. Dans cette situation, il n’y a plus d’avantage mutuel à l’échange de nouveaux droits.
…Dans un marché en concurrence pure et parfaite, le prix d’équilibre est celui qui correspond aux coûts marginaux des entreprises du marché.
…En réalité, il peut être difficile pour l’Etat de déterminer le bon niveau de taxe, c’est-à-dire celui qui va inciter les entreprises à réduire suffisamment leur volume de pollution pour que l’optimum déterminé par l’Etat soit atteint.
…En théorie, la solution de Pigou semble parfaite. Mais en réalité, elle peut être très difficile à mettre en œuvre car pour déterminer le niveau de production optimal Q* et donc le niveau de pollution, il faut pouvoir évaluer les fonctions de coût marginal social et de coût marginal privé sans quoi l’Etat risque de sur-ou-sous-évaluer le montant de la taxe nécessaire pour parvenir à l’optimum social.
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