Walter Lippmann : le néolibéralisme est-il un progressisme? Pour beaucoup, le colloque Lippmann, qui réunit plusieurs grands libéraux en 1938, marque la naissance du néolibéralisme. Mais qu’est-ce que le néolibéralisme? Et n’y a-t-il qu’un seul type de néolibéralisme? Pour répondre à ces questions, il faut se pencher sur le parcours de celui qui a inspiré la tenue de ce colloque en 1938 jusqu’à son dernier grand livre, ‘The good society’, traduit par ‘La cité libre’ en France : Walter Lippmann.
Extraits :
…Néolibéral, c’est être pour les riches et contre les pauvres, c’est favoriser toujours plus d’inégalités de revenus, c’est être pour la loi du marché et le laissez-faire absolu, pour la loi de la jungle en somme. C’est être antisocial, contre l’Etat providence. Être néolibéral, ce n’est pas simplement être libéral, c’est être ultra libéral ! Voilà ce que recouvre les termes néolibéral ou néolibéralisme dans l’esprit de beaucoup de personnes de nos jours.
…Savent-ils également qu’à l’origine de ce courant de pensée, il y a eu un livre. The good society, publié en 1937 et traduit en français par « la cité libre ». Livre écrit par un journaliste, philosophe et essayiste américain du nom de Walter Lippmann. Le livre de Lippmann a donné lieu un an plus tard, à un colloque, qui s’est tenu à Paris à l’initiative du libéral Louis Rougier.
…Toute sa vie, Walter Lippmann a été un célèbre journaliste et un auteur américain qui a beaucoup réfléchi sur la question sociale, la démocratie, la société libre et la place et le rôle du gouvernement dans la société.
…Invité à Harvard en 1910, ce même Graham Wallas deviendra le professeur de Lippmann. A l’origine membre de la société fabienne, Wallas s’était éloigné du socialisme pour se rapprocher du libéralisme.
…En 1914, soit un an après l’élection de Wilson, Lippmann crée le journal progressiste the New Republic avec Herbert Croly et Walter Weyl qui est encore édité de nos jours. La même année, il publie son deuxième livre, « Drift and Mastery »…
…Il y fera néanmoins la connaissance de Keynes avec lequel il deviendra ami pour la vie. Ils correspondront et se verront souvent par la suite, notamment lors des visites de Keynes aux Etats-Unis.
…Quoi qu’il en soit, cette conférence de Londres semble être le point de départ d’un Lippmann plus libéral. La montée des systèmes totalitaires en Europe commençait à le préoccuper sérieusement.
…« The good society » ou « la cité libre » qu’il publie en 1937 marque l’aboutissement de l’évolution intellectuelle de Lippmann. Il s’agit d’une tentative de combiner le capitalisme et la question sociale en opposition au socialisme et au laissez faire.
…C’est à la suite de la lecture de la « Cité Libre » que Louis Rougier a eu l’idée du colloque Lippmann.
…La dernière journée du colloque s’est terminée sur l’agenda des remèdes au déclin du libéralisme tirés de l’analyse de ses causes. Plusieurs propositions ont ainsi été formulées par Lippmann dans le but de restaurer le libéralisme.
Sources principales :
« Le colloque Lipmann, aux origines du néolibéralisme » – Serge Audier – Le bord de l’eau (éditions)
« Neo-Liberalism: From Laissez-Faire to the Interventionist State » – Richard M. Ebeling (lien); NB : certains passages du chapitre « The good society » de la vidéo (à partir de 19:45) ont été tirés de cet article.
« Walter Lippmann et le néolibéralisme de La Cité Libre » – Francis Urbain Clave – Cahiers économiques 2005/1 (n°48) – (lien)
« Walter Lippmann and the roots of 20th century progressivism » – Kollin Fields – (lien)
« Walter Lippmann » et « le colloque Walter Lippmann » sur Wikipedia
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